Voyage de Paris à Saint-Cloud par la mer

Ecrit en 1748, le roman de Louis-Balthazar Néel « Voyage de Paris à Saint-Cloud par mer et retour par terre« , est le récit facétieux d’un trajet le long de la boucle de la Seine qui connut un grand succès en son temps.

Il pastiche les grands récits des explorateurs en vogue à l’époque de Louis XV, comme ceux de James Cook ou Louis-Antoine de Bougainville. Le livre raconte l’étonnement d’un jeune homme sans expérience qui, sortant de Paris pour la première fois de sa vie, part à la « découverte du monde ». A travers lui, il donne à voir la sottise de nombre de ses contemporains parisiens qui se faisaient un monde du moindre déplacement. (Et en connait tous, encore aujourd’hui).

Extrait Neel
Une des illustrations de l’édition de 1884.

Jointe au roman, on pouvait trouver cette belle carte de la Seine, en tête d’article. Billancourt figure dans le creux de la boucle de la Seine. Curieusement, si vous l’examinez attentivement, elle est plutôt exacte. On y voit le hameau du Point-du-Jour, les châteaux disparus de Meudon et d’autres curiosités de l’époque comme le moulin de Javel. C’était l’époque où les îles, alors domaine royal, s’appelaient « îles Dauphine », où Passy, Auteuil, Grenelle ou Vaugirard étaient encore des villages. Le pont de Sèvres, lui, était en bois et enjambait l’île Seguin.

Mais revenons au livre, qui évoque, bien sûr, Billancourt. Alors qu’il descend la « mer », bravant les « dangers » qu’on imagine, le jeune homme passe à proximité de Billancourt et relate sa rencontre avec un indigène (gardons à l’esprit qu’il n’y avait à Billancourt que la ferme):

« Nous passâmes ensuite à la vue d’un endroit assez joli, que les gens du pays appellent Billancourt; je ne remarquai rien qui fut digne de la curiosité d’un voyageur, sinon que ce pays-là me parut ne produire guère d’hommes, parce que je n’y en vis qu’un seul. Mais qu’en récompense aussi il y croissoit bien des moutons du Berry car il y en avoit beaucoup qui étaient marqués sur le nez & qui se promenoient au bord de la mer. Cet homme, que je pris être de leur compagnie, parce qu’il n’en étoit pas éloigné & qu’à sa houlette et son chien je jugeai devoir être un berger, me fit ressouvenir de celui à qui Virgile, faisant ces caravanes, comme moi, disoit un jour en passant près de lui… »

….puis de débiter un poème en latin du plus parfait ridicule.

Le livre est régulièrement réédité. Il est consultable dans une version de 1884 en fac-simile sur le site Gallica.

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