Le petit château de l’Avenue du Cours (Villa Morel 1/2)

Pendant deux ans, faute de mieux, nous avons baptisé cette villa « la-belle-maison-à-gauche-sur-la-carte-postale-de-l’avenue-du-Cours ». Voir la photo ci-dessous. Une magnifique photo, au demeurant, qui montre en enfilade la plus belle avenue de Billancourt, à l’époque (Avenue Émile Zola aujourd’hui) avec ses quatre rangées de tilleuls. Une avenue qui soutiendrait la comparaison avec l’avenue Robert Schuman actuelle. L’avenue a été durant des siècles le chemin d’accès à la Seine depuis la ferme de Billancourt. On en reparlera.

Richement ornée, cette maison à gauche ne passe pas inaperçu. Pourtant elle est insaisissable. Qui est-elle ? À qui appartient-elle ? Une seule chose est sûre : elle n’existe plus. Pas moyen de la retrouver dans notre photothèque. Les photos aériennes et les panoramas depuis Bellevue ne sont d’aucun secours. L’avenue du Cours (Émile Zola) est longue et ses hauts arbres masquent tout. Nous avons même pensé à un moment qu’il s’agissait du pavillon de l’ancienne ferme de Billancourt.

Et puis, un jour, eurêka ! Sur la carte postale, nous remarquons le buste de Marcel Renault visible au loin. Les ombres correspondent à une fin d’après-midi ensoleillée. Nous sommes à l‘angle de l’avenue et du quai de Billancourt (Georges Gorse). Le photographe se tient donc dos à la Seine.

Maintenant que nous nous repérons, tout devient plus simple. La maison est au 39 quai de Billancourt et 1 avenue du Cours. Vous connaissez la méthode : cadastre, matrices, recensements et, puisqu’elle est en plein trapèze, nous frappons à la porte de Renault Histoire et, là tout s’éclaire : nous découvrons l’acte d’achat et de magnifiques plans et photographies.

Une villa conçue pour recevoir

Admirons tout d’abord la maison. Elle date du XIX^ème siècle. Le parti pris architectural est clair : la maison doit être belle. Les ornements sont nombreux : chapiteaux corinthiens coiffant des pilastres, médaillons, encadrements de portes et fenêtres, grandes fenêtres cintrées.

Ce qui frappe d’emblée, c’est cette sorte de kiosque octogonal posé sur le toit. On y accède via le grand escalier central éclairé par un lanterneau.

De cette grande terrasse bordée par une balustrade on domine les quais. Selon nous, cette maison a été pensée pour recevoir. Ce n’est pas la maison de campagne du père de famille mais un lieu de rencontre élégant. On imagine les soirées d’été, la vue sur l’ile Seguin et le tir au pigeons juste en face. La Seine, noire, qui s’écoule en contrebas, les invités devisant sur la terrasse, à la lueur de torches. Le voisinage est à l’époque très clairsemé.

Le terrain s’étend sur plus de 1.600 m² avec des entrées sur trois côtés. Le jardin côté quais, plutôt petit, est composé d’une pelouse couverte d’arbres et de ce qui semble être un petit monticule surmontant une petite pièce d’eau.

Derrière la maison se tient un grand carré d’arbres fruitiers visibles ci-dessous. Des dépendances (appelées « pavillon ») s’ouvrent sur la rue Traversière.

Qui donc a pu construire cette maison exubérante ? Nous sommes partis à sa recherche et nous n’avons pas été déçus.

Mercedes Martinez est une chanteuse lyrique espagnole qui a connu son heure de gloire dans les théâtres parisiens de la fin du XIX^ème siècle. Quelle était son histoire ? Qu’est devenue la villa à l’arrivée de Renault ? Quand a-t-elle disparu ?

On vous dévoile tout ça dans la deuxième partie.

Aujourd’hui, si on devait localiser la villa Morel, on la situerait approximativement à l’emplacement de la rampe d’accès au pont bleu, côté Billancourt.

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Les villas disparues de Billancourt:

Villa 10 rue Solferino	Villas Renault	Villa Aussillous
Maison Bican	Villa Boitelle	Villa Bottin
Villa Caprice	Villa Casteja	Villa Damiens
Maison de Tavernier	Maison du prince Polonais	Villa Flora
Villa Fountaine	Villa Mauresque	Villa Marti – Morel
Villa Nousillet-Clinch	Villa Rozier	Villa Toucy
Ferme de Billancourt	Propriété de lady Hunlocke