C’est l’une des plus grandes propriétés disparues de Billancourt. Elle occupe le triangle entre la rue de Saint-Cloud (Yves Kermen), la rue Nationale et la rue du Cours (future avenue Emile Zola). Elle était la propriété de la même famille depuis 1887. Elle faisait face à la Villa Aussillous, que nous avions présentée en septembre dernier, située de l’autre côté de la rue.
Aujourd’hui on y trouve ce grand ensemble résidentiel blanc qui domine le parc des glacières.
La propriété a été rachetée par Renault en 1917. Il y a installé son tout nouveau Cercle des Agents de Maîtrise des Usines Renault. C’est pour cette raison qu’elle a été préservée…du moins pour quelques années.
Au sortir de la première guerre mondiale, Renault a atteint une taille considérable. Louis Renault mandate le cabinet d’architectes Plousey pour faire un état des lieux détaillé des propriétés de la société. Le rapport est réalisé entre 1918 et 1920. Il est colossal et occupe plusieurs mètres linéaires sur les étagères de l’association Renault Histoire. Chaque terrain, chaque maison, chaque atelier y est photographié, référencé, mesuré, inspecté, décrit en détail, bâtiment par bâtiment, étage par étage, pièce par pièce.
C’est ainsi que nous avons pu retrouver cette propriété qui n’était encore pour nous qu’une grande bâtisse blanche dans la verdure sur les photos aériennes du début du XXeme siècle. Parmi les villas disparues de Billancourt rachetées par Renault c’est probablement la plus documentée.


Les photos ont été prises en automne ou en hiver et sous un ciel gris, la villa n’y est pas à son avantage. Laissez-nous vous faire la visite.
Commençons par l’entrée d’honneur, avec sa grille en fer forgé. Elle ouvre sur la place de l’Eglise (Bir Hakeim) et la rue du Vieux Pont de Sèvres.

Après avoir traversé la moitié du parc, on arrive sur la maison.


Cette grande maison bourgeoise, avec ses trois corps et sa haute toiture à la Mansart, a une architecture très classique à l’époque. Le bâtiment fait 220 m² sur quatre étages, pour une façade de 24 mètres de long. Seule une petite rotonde, à l’arrière, vient briser son plan rectangulaire. Elle est quasiment la jumelle de la Maison du Prince Polonais, souvenez-vous, au point que nous les avons un temps prises l’une pour l’autre. Elles se distinguent essentiellement par le haut de la toiture et les lucarnes.
La maison peut loger très confortablement une grande famille, du personnel et des amis de passage. Dans le grand salon on trouve une cheminée monumentale. Pas étonnant que Renault ait choisi d’y installer son cercle.



L’entrée principale du 30 rue du Cours (photo haut droite) est gardée par le pavillon du concierge (gauche) – Renault Histoire. C’est l’adresse administrative.
La troisième entrée, au sud, se situe au 48 de la rue de Saint-Cloud (Yves Kermen). Elle dessert, à gauche, les écuries et, à droite, la remise dans laquelle on gare les véhicules. Le bâtiment des écuries, avec ses huit entrées, ses trois lucarnes et son toit orné ne manque pas d’intérêt.

Le parc de près de deux hectares, intégralement cerné de murs, est l’un des plus grands de Billancourt. Il est comparable au parc des glacières actuel. Il comprend une orangerie, un petit pavillon de jardinier en bois, des massifs et une petite grotte artificielle comme on aimait en faire à l’époque. Des bancs de pierre, des vasques et des colonnes avec vases à fleurs agrémentent l’ensemble.
Sur le côté qui longe la rue Nationale, de grandes serres font face à un potager. Un réservoir d’eau surélevé a été construit au-dessus d’un poulailler.

A l’époque du cercle Renault on y trouve aussi deux terrains de boules et un cours de tennis.
Toutes les photos ci-dessus datent de 1918-1920, période où Renault est propriétaire. Elles ont pour seul objectif d’illustrer un rapport d’architecte. On peine à y retrouver une atmosphère familiale. Qui étaient Thomas et Mary Anne Fountaine, les précédents propriétaires ? Qui est cet homme d’affaires anglais, grand amateur d’aviron, qui y a vécu 30 années avec sa famille et tout son personnel ? Comment la villa a-t-elle disparu ? Voir l’article « Le destin de la Villa Fountaine » pour la suite de l’enquête.
Les villas disparues de Billancourt:
![]() Villa 10 rue Solferino | ![]() Villas Renault | ![]() Villa Aussillous |
![]() Maison Bican | ![]() Villa Boitelle | ![]() Villa Bottin |
![]() Villa Caprice | ![]() Villa Casteja | ![]() Villa Damiens |
![]() Maison de Tavernier | ![]() Maison du prince Polonais | ![]() Villa Flora |
![]() Villa Fountaine | ![]() Villa Mauresque | ![]() Villa Marti – Morel |
![]() Villa Nousillet-Clinch | ![]() Villa Rozier | ![]() Villa Toucy |
![]() Ferme de Billancourt | Propriété de lady Hunlocke |

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