Voilà un bâtiment qui n’a pas bougé d’un poil. Ou presque. L’école de la rue Thiers a vu passer des générations entières de boulonnais, et peut-être vous-même ?
A la fin du XIXème siècle, la population de Billancourt croit rapidement et il faut bâtir de nouvelles écoles. C’est ainsi qu’a été bâti le groupe scolaire de la rue de Clamart (actuelle école des glacières), dont nous avions parlé il y a quelques mois.
Le groupe scolaire public de la rue Thiers, a été inauguré 13 ans plus tard, le 4 décembre 1897, par le maire Édouard-Alexandre Jochum. Il avait été précédé par « l’école en bois », une installation provisoire établie en 1883 sur le même emplacement, à l’angle des rues Thiers et du vieux Pont de Sèvres. Il fallut acquérir un autre terrain adjacent pour obtenir la superficie voulue.
Le projet avait été initié par C. Billoret, architecte municipal, mais c’est son successeur, Alexandre Barret (1863-1921), qui dessine les plans et le mène à bien. Barret a également dessiné la salle des fêtes, place Bernard-Palissy, et l’hospice de la rue des Abondances. La similarité de style avec ce dernier est d’ailleurs frappante.
Il donne aux bâtiments des formes irrégulières, des volumes variés, sous des toitures débordantes, qui lui donnent sa forte personnalité. La pierre blanche et la brique contrastent harmonieusement avec les murs de meulière.
Le côté de la rue Thiers au debut du XXeme siècle, école élémentaire. Le bâtiment d’angle n’avait que 2 étages.
Le bâtiment principal est surélevé en 1913 pour faire face à l’accroissement des besoins.


Il finira par prendre un 4ème étage. On peut le voir peint en rouge aujourd’hui. Son nom officiel est « école élémentaire publique Adolphe Thiers ». C’est une des 14 écoles élémentaires de Boulogne-Billancourt et elle accueille plus de 400 élèves, du CP au CM2.



Pour finir, voici une anecdote : le discours très anticlérical prononcé par le maire Jochum durant l’inauguration ne passerait certainement pas aujourd’hui :
« Avant 1789, l’Eglise faisait des serviteurs de Dieu, non des hommes et des citoyens. La Révolution voulait faire des hommes égaux et libres ; il fallait qu’ils fussent éclairés… L’œuvre de la République a dressé devant le clocher traditionnel des communes rurales l’école, cet autre temple. Ce fut pendant un temps une guerre généreuse déclarée à l’obscurantisme… Eh bien ! après tant d’inaugurations célèbres, vous allez procéder à l’ouverture d’un nouveau groupe scolaire. Il faut relever cette date, M. l’Inspecteur, non comme une victoire de l’esprit républicain sur le sectarisme, car il y a longtemps que Boulogne à rompu les chaînes, mais comme la preuve nouvelle de l’agrandissement incessant d’une commune dont la population augmente chaque année ».
Une autre époque…on n’oublie pas que 7 ans plus tard, en 1904, le « père Combes », président du conseil des ministres, prononcera l’interdiction d’enseigner aux congrégations religieuses sur tout le territoire français et l’expulsion des communautés récalcitrantes.