Alors, ça avance ?

Vous le savez, le Village de Billancourt s’est attelé à la reconstitution de notre ferme médiévale de Billancourt. Certains d’entre vous nous demandent où nous en sommes. Et bien, ça avance plutôt bien ! Et nous ne résistons pas au plaisir de vous livrer cette jolie vue en guise d’apéritif (Teasing…).

Alors où en sommes-nous exactement ? Comment avons-nous procédé ?

La première étape a consisté à s’imprégner des documents

Tout d’abord scanner les trois comptes-rendus de visite de 1762, 1773 et 1782 des architectes experts , afin de les transposer au format Word pour faciliter la manipulation, la recherche et les annotations. Ensuite, se « farcir » la lecture des trois visites, pièce par pièce. Des dizaines de pages écrites dans un style plutôt indigeste. C’est un peu comme un aveugle qui avance à tâtons et imagine les uns après les autres les espaces qu’on lui décrit ; un travail plus long que nous ne l’imaginions, heureusement le plan de masse de 1770 nous facilite la tâche puisqu’il nous donne déjà la position et la taille des bâtiments.

Il faut souvent interpréter les lieux, « fenêtre vers la cour » mais quelle cour ? « Porte d’accès au jardin » mais venant d’où ? « A droite de la porte » mais avant ou après avoir passé le seuil ? Il y a des contradictions aussi, qu’il a bien fallu résoudre. Des coquilles également comme cette « grange à chevaux aux bas côtés » qui n’avait aucun sens et qui s’avère être une « grange à chéneaux aux bas côtés« .

Il faut décoder le jargon architectural de l’époque : « pointrail« , « gobeter« , « contrevent« , « mur de goutte« . Merci à Judith Förstel, spécialiste du moyen âge et conservatrice du patrimoine de la région Ile-de-France qui nous assiste dans cette tâche.

Et puis, problème, la description des bâtiments a changé d’un texte à l’autre (entre 1762 et 1782), certains bâtiments en ruine ont été reconstruits et d’autres réaffectés, le dessin des jardins, aussi, a évolué. Ils sont d’ailleurs beaucoup mieux décrits dans le compte-rendu de 1762, les bâtiments sont, eux, plus précis dans le compte-rendu de 1782. Que faire ?

Là nous avons fait un choix qui nous semble acceptable : nous avons pris 1782 en référence pour les bâtiments et 1762 pour les jardins. Après tout, seulement 20 ans séparent les deux descriptions. Elles se complètement très bien et se contredisent assez peu. Il est même possible que la ferme ait vraiment ressemblé à ça quelque part entre 1762 et 1782.

Deuxième étape : créer des brouillons de plans en 2D, bâtiment par bâtiment et étage par étage, sans forcément être aux bonnes dimensions (on a peu de cotes), mais pour identifier et mettre en place tous les éléments les uns par rapport aux autres. C’est un travail préliminaire essentiel. Voici à quoi ça ressemble :

Troisième étape : passer à la 3D. Le logiciel choisi est Sketchup, bien adapté à la modélisation d’architecture. La prise en main nécessite d’ingurgiter quelques dizaines de tutoriels pour en tirer le meilleur parti.

Nous avons joué le jeu de coller au plus près des textes. Par exemple, une fenêtre du logis principal n’avait plus qu’un seul volet en 1782, l’autre était tombé (je vous laisserai retrouver cette fenêtre, si ça vous amuse).

Le choix du photoréalisme a été écarté. Il introduit une complexité qui n’est pas nécessaire à ce stade. Ce sera peut-être pour plus tard. Nous avons cependant introduit des silhouettes de personnages et d’animaux pour donner de la vie au lieu et rendre au mieux les proportions.

Il nous a semblé intéressant de placer la ferme dans son environnement. L’île Seguin, la boucle de la Seine et les principales routes sont donc esquissées.

Malgré la richesse des trois descriptions, on trouve peu d’indications de hauteur, de cotes, de matériaux, de date de construction. Nous avons donc fait des choix et avons eu recours aux documentations sur les fermes anciennes comparables des parcs régionaux de l’Oise ou de la haute vallée de Chevreuse.

Judith Förstel nous guide dans nos choix architecturaux et stylistiques. Les communs sont sans fioritures, fonctionnels, tels qu’ils étaient à l’époque. Le logis du maître, lui, a des ornements, mais sans excès…

Dernière étape : Relectures et corrections. Nous en sommes là.

Il faut relire une centième fois les textes pour voir si quelque chose nous a échappé, soumettre la maquette au regard critique de pas mal de monde, ajuster ce qui « cloche« .

Il faut corriger quelques erreurs : la fenêtre du colombier est trop grande. Non, il n’y avait probablement pas de portes coulissantes aux étables à la révolution française. Zut, la porte charretière est trop basse pour faire passer une charrette. Etc…

Alors, finalement, c’est pour quand tout ça ?

Nous serons en mesure de vous montrer les résultats dans un mois, en janvier 2021, du moins pour la partie concernant les bâtiments.

Sachez, enfin que notre projet commence à intéresser du monde à la mairie de Boulogne-Billancourt et nous en sommes heureux. Vous serez bientôt au courant.

One Reply to “”

  1. Un grand merci à tous ceux qui ont participé à ce projet faisant revivre l’histoire de Boulogne-Billancourt. Cette ferme a d’ailleurs été connue de mon grand-père, né en 1891 à Boulogne, après bien des modifications.

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