Une star d’après guerre née dans la clandestinité : la 4 CV

1951, Régie Nationale Renault, Billancourt.

La 4 CV est décidément un grand succès populaire. Après un démarrage difficile dû aux restrictions d’après guerre, la cadence de production de cette année là est de 1000 unités par jour, ce qui n’empêche pas un délai d’attente d’un an.

Mais revenons en arrière car sa gestation, dans la clandestinité, fut compliquée.

Juin 1940 : c’est l’occupation et la direction des usines Renault est placée sous commandement allemand. Louis Renault est donc exclu des décisions concernant son usine, et pas question de développer un modèle commercial car l’essentiel de la production est consacré aux véhicules de l’armée.

Pourtant, deux courageux et passionnés cadres des usines, Fernand Picard et Charles-Edmond Serre, bravent l’interdiction. Ils ont en vue l’après guerre et la pénurie à laquelle il faudra s’adapter.

A cette étape, un rectificatif s’impose : contrairement à ce qui sera largement répandu, non seulement Louis Renault n’ignore pas le projet baptisé « 106 E », mais il le défend et le protège. « …pas le droit ? M’en fous !… » déclare t’il à Serre œuvrant dans le plus grand secret et « surpris » par le patron en train de travailler sur une maquette du moteur.

Les essais de prototypes se poursuivent dans la clandestinité, la nuit, sur le plateau de Meudon.

Puis c’est dans des lieux plus sûrs, hors de la vue de l’occupant et à l’abri des bombardements, que sont poursuivies les études du projet et des révolutionnaires machines-transferts : la propriété de Renault à Herqueville et son appartement de l’avenue Foch … juste à côté des locaux de la Gestapo !

1945 : Louis Renault est mort, l’entreprise devient une régie. Son PDG, Pierre Lefaucheux, est d’emblée enthousiaste pour le projet de petite voiture économique et choisit celui de la 4CV plutôt que celui de la 11CV qui attendra des jours meilleurs. Il en fait une 4 portes et réussit à l’imposer dans un contexte politique pourtant défavorable.

La 4 CV fait sensation au Salon de 1946 malgré sa couleur jaune sable récupérée d’un stock de peinture de l’Africa-Korps qui lui vaut le surnom de « motte de beurre ». Restriction oblige !

Après bien des difficultés, dues à la pénurie de matières premières et à la délicate mise au point de la chaîne de montage, la production de celle qui sauvera Renault et deviendra l’icone de toute une époque va pouvoir enfin démarrer, sur l’île Seguin, en 1947. La 4CV devient l’unique modèle de production de la Régie Nationale.

Renault-4CV-chaine de montage

En 1951, le modèle de base coûte l’équivalent de 7 200 euros pour une vitesse maximale de 110 km/h. Le confort est spartiate, le chauffage anémique, l’habitacle étroit, le bruit infernal et son parfum est celui de l’essence et des effluves du moteur.

Mais qu’importe, on peut désormais partir en promenade le dimanche et les congés payés nous tentent les bras.

Elle sera construite à 1.105.550 exemplaires jusqu’en 1961, à Billancourt sur l’île Seguin, pour l’essentiel. 170 000 modèles seront vendus aux Etats-Unis. La très populaire 4L la remplacera, mais ceci est une autre histoire.

Cette superbe photo des ateliers de l’ile Seguin est due à un grand photographe : René Jacques. Non, ce n’est pas Robert Doisneau cette fois ci !

Alors, la prochaine fois, regardez mieux dans les albums photos de vos parents et grands parents, vous avez de grandes chances de la voir apparaitre !

Pour prolonger le plaisir : https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/marne/reims/daniel-sa-renault-4-cv-succes-apres-guerre-1693624.html

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