L’immeuble martyr de la place Solférino

C’est une petite place très ordinaire, avec ses bancs, ses arbres et ses bacs à fleurs. Mais qui sait qu’elle est née de l’horreur des bombardements alliés ?

Il y avait là un minuscule pâté de maisons, un triangle de moins de 50 mètres de côté,  un seul immeuble de quatre niveaux, avec ses commerces, serré entre les rues de Solférino, de Clamart et le boulevard Jean-Jaurès.

Le dimanche 4 avril 1943, sous un ciel clair, 88 bombardiers américains de la 8e Air Force survolent Billancourt à 400 mètres d’altitude. Leur objectif est l’usine Renault, sous contrôle ennemi. 250 tonnes de bombes sont larguées en plein jour. Voir l’article que nous avons consacré à ces événements.

Certaines bombes s’égarent et frappent l’immeuble. Il n’en restera que des ruines.

En regroupant nombre de cartes postales du début du siècle prises sous tous les angles, nous avons pu faire revivre pour vous ce petit immeuble de Billancourt.

Tout d’abord, le voici, au centre, vu du boulevard de Strasbourg  (Jean-Jaurès) :

Au croisement des rues de Clamart et Solferino, il abritait  un petit magasin d’alimentation,  visible ci-dessous, au premier plan à droite. Attention, cette carte est trompeuse car au premier regard on a l’impression que la place est sur la gauche, c’est en réalité un jardin qui n’existe plus.

Les autres immeubles en brique sont toujours là. Vous les reconnaissez sûrement. Celui de gauche héberge aujourd’hui la nouvelle « Boulangerie-au-carré » . Plus loin de profile l’école des glacières.

Notons au passage qu’à l’époque on pouvait laisser les enfants s’assoir au milieu de la rue !

Ci-dessous, nous reconnaissons le même croisement, cette fois, vu depuis la rue de Solférino. L’immeuble détruit est à gauche et la rue de Clamart part à droite :

Enfin, voici le croisement Jean-Jaurès / Solférino, vu de la rue du dôme. L’immeuble bombardé est à gauche. Pour vous repérer, la nouvelle brasserie « Odette » est à droite :

A la libération, la décision est prise de ne pas reconstruire. Le lieu deviendra une place publique, la place Solférino que nous connaissons aujourd’hui :

Une plaque commémorative apposée sur un bac à fleurs rappelle cet événement tragique. Elle est bien discrète, mais nous avons fini par la trouver :

Plaque commémorative place Solférino
Petit jeu : saurez-vous repérer l’erreur sur cette plaque ?

Pour plus d’information sur Boulogne-Billancourt durant la seconde guerre mondiale, voir l’exposition virtuelle organisée en septembre par le service des archives de Boulogne-Billancourt.

3 Replies to “L’immeuble martyr de la place Solférino”

  1. Mes arrière grand-parents habitaient dans cet immeuble jusqu’en 1939. Ils avaient un appartement agréable, tout près de l’usine Renault où travaillait mon arrière grand-père. Leur belle fille (ma grand-mère) voulait récupérer cet appartement après leur départ. Mais ils sont partis sans faire le nécessaire, provoquant la rancune tenace de ma grand-mère. Rancune ressassée par des piques récurrentes…jusqu’au bombardement du 4 avril 1943.
    Les nouveaux locataires de ce « bel appartement » ont été tués, ainsi que les voisins, amis de mes arrière grand-parents. Les cuisinières brulantes ont dégringolé dans les caves.
    Ma grand-mère a trouvé d’autres raisons pour continuer à critiquer ses beaux-parents.

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire