La destruction de l’église de Billancourt

L’église de Billancourt a été fondée en 1834 par le baron Casimir de Gourcuff. D’abord une simple chapelle, elle a connu plusieurs agrandissements à mesure que Billancourt se peuplait. Construite sur la place Bir Hakeim actuelle, elle a connu les débuts du peuplement de Billancourt, la guerre de 1870, l’arrivée de l’industrie et du front populaire.

En 1939, la seconde guerre mondiale éclate. La paroisse de Billancourt est alors sous la responsabilité du Père Pétron, un curé jovial qui ne craint pas de bavarder avec les ouvriers qui passent devant son église chaque matin et chaque soir.

L’église est bombardée

Dans la soirée du 3 mars 1942, vers 21 heures, 235 bombardiers de la Royal Air Force Bomber Command déversent leur chargement de mort sur Billancourt. L’objectif est la destruction de l’usine Renault, sous direction allemande. Les dégâts sur l’usine et son voisinage sont considérables, on dénombre près de 400 morts.

Un an plus tard, le vendredi 2 avril 1943, c’est au tour des américains. 88 appareils de la 8ème Air Force lâchent 250 tonnes de bombes en pleine journée. Effectué depuis 400 mètres d’altitude, le bombardement est imprécis et notre église est touchée.

Une fois les avions partis, le curé entre dans son église pour évaluer la situation. Une bombe a fait voler en éclats un bas-côté. La nef est éventrée, on voit la rue Nationale et les ateliers Renault depuis l’intérieur de l’église. Les plafonds sont noirs de suie, les vitraux sont soufflés et le sol est jonché de débris.

Malgré la violence de l’explosion, le grand crucifix et la statue de Sainte Thérèse sont intacts ! On y voit un petit miracle.

Les photos que nous nous sommes procurées témoignent de l’étendue des dégâts, mais aussi de la piètre qualité des matériaux. L’église était fort heureusement vide et on n’y déplore aucune victime.

On retire le crucifix, les gravats et on abat les pans de murs encore debout. On détruit la petite chapelle latérale, à droite de la façade, gravement fragilisée. La zone est protégée par une palissade.

Que va-t-on en faire ?

L’église ne sera jamais reconstruite. Elle était trop à l’étroit sur son petit terrain et ne convenait plus aux près de 40 000 habitants de la paroisse. Ce bombardement est finalement l’occasion de repartir sur une page blanche. Sur la photo aérienne de 1950, ci-dessous, il ne reste plus rien du bâtiment.

Le terrain sera acquis par la Régie Nationale des Usines Renault, le 22 octobre 1959. Il y construira le siège de sa direction du personnel. Le bâtiment y restera jusqu’au départ de l’industriel.

En 2012, on y bâtira le bâtiment d’habitation actuel avec son supermarché Monop’.

On choisira de bâtir une autre église ailleurs. Non, ce ne sera pas l’église de l’Immaculée Conception actuelle, rue du Dôme. Ce sera sur le boulevard Jean-Jaurès, près de la place Solferino. Et ce sera une église temporaire, en bois. Le Village vous raconte cette histoire dans « L’église en bois incendiée« .

L’église en bois du bd Jean-Jaurès.

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