Vous vous promenez, il y a un siècle, à l’extrémité de ce qui est aujourd’hui l’avenue Emile Zola. C’est alors une large avenue calme et bordée de grands tilleuls. Vous tombez sur ce buste en marbre. La sculpture est belle et soignée, le port est digne, le regard frappe par sa grande sérénité. Sur le socle vous pouvez lire « Marcel Renault« . L’industriel ? Non, Marcel est le frère cadet de la famille.
Son histoire est une tragédie qui a bouleversé l’histoire de la course automobile. Laissez-nous vous la raconter.

Au début du XXe siècle, l’entreprise Renault Frères est toute jeune. Les trois frères comprennent vite que pour se faire un nom il faut montrer les performances de leurs automobiles et donc participer aux compétitons. Elles étaient nombreuses et populaires à l’époque et bien relayées par la presse. Marcel et Louis s’engagent dans différentes courses.
En août 1899, Marcel s’aligne avec Louis au départ de la course Paris-Trouville et obtient sa première victoire en voiturettes, dite Coupe des Chauffeurs Amateurs, d’une série de courses disputées de ville à ville. Dans leur catégorie spécifique, les Renault n’ont désormais pas de rival. Les frères Renault gagnent dans la foulée Paris-Ostende, Paris-Rambouillet, Paris-Toulouse-Paris, le second Circuit du Sud-Ouest – ou Grand Prix de Pau -, Paris-Bordeaux, Paris-Berlin, ainsi que la première étape du Paris-Arras-Paris.

Lors de la seule édition de la course Paris-Madrid, le 24 mai 1903, il roule au volant de sa Renault 40 cv portant le numéro 63, avec son mécanicien habituel Vauthier. Il double un autre concurrent mais, aveuglé par un nuage de poussière, il ne peut voir à temps un virage. Leur voiture sort de la route à plus de 100 km/h. Précipitée dans un fossé, elle effectue un violent tête-à-queue au cours duquel Marcel Renault et Vauthier sont éjectés à plusieurs mètres. Les spectateurs les transportent dans une ferme à proximité. Grièvement blessé, le mécanicien s’en sort avec plusieurs fractures, mais Marcel Renault, touché à la moelle épinière est plongé dans le coma. Il meurt 48 heures plus tard sans avoir repris connaissance. Louis termine deuxième de cette course qui sera stoppée à Bordeaux.

La presse relaye la mort du coureur. La stupeur est nationale. Les courses sur routes sont un temps interdites en France, et bannies de façon ouverte de ville en ville. Louis ne recourra plus.
Il commande au sculpteur Denys Puech un buste à l’effigie de son frère, l’expose au salon de l’auto de 1903 et le fait installer près de la résidence familiale, sur ce qui est alors la plus belle avenue de Billancourt : l’avenue du Cours (Emile Zola), au carrefour avec la rue Gustave Sandoz.

Le monument est détruit par les bombardements de 1942, mais le buste est sauvé. Il était approximativement au croisement de l’avenue Emile Zola et de la rue Pierre Lefaucheux, aujourd’hui, entre le parc de Billancourt et le Bâtiment Dreyfus.

Le buste, quant à lui, a trouvé sa place dans le jardin du 27 rue des Abondances, un bel hôtel particulier propriété de Renaut et qui a abrité le petit musée consacré à l’histoire de la marque.
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