C’est un des huit cafés-restaurants qui ont animé la place Jules Guesde depuis 1900 et l’un des deux survivants, avec le National, à l’entrée de la rue de Meudon.
L’immeuble en briques rouges qui domine la place a été bâti vers 1905. Il est contemporain de l’arrivée de l’usine Renault aux abords. Avec ses sept étages, il a longtemps été le plus haut immeuble des environs.
Nous avons retrouvé une photo de l’endroit avant la construction, c’était apparemment une simple ferme. Difficile de reconnaître quoi que ce soit, les lieux ont tellement changé. Un petit effort d’imagination : la photo est prise depuis les étages au-dessus du National et regarde en direction des rues Nationale et Yves Kermen.
Les photos du début du XXe siècle ne montrent rien du nom du café-restaurant. Nous savons qu’il était au numéro 4 de la place. Son auvent nous dit qu’on y servait de la bière de la Meuse, mais c’était le cas à peu près partout. Avec le passage des ouvriers Renault, on imagine que ça devait bien tourner.
Le café s’est appelé la « brasserie du Parc ». En 1910 le patron était Emile Costes, marchand de vins, il y travaillait avec sa femme Marie et son fils. Il faisait aussi hôtel meublé. Dans les étages (accès par le 39 rue Nationale) habitaient des ouvriers Renault dont les recensements ont conservé la mémoire. Ils étaient mécaniciens, décolleteurs, selliers, emballeurs, ajusteurs et …un cocher,
En 1910, ils étaient sans épouse ni enfant, on verra arriver les familles dans les années 20.
Après la rapide expansion de l’usine durant la première guerre mondiale, le lieu s’anime à chaque entrée et sortie d’usine. Le portail monumental est construit au début des années 30 et la place Nationale devient la place Jules Guesde (mais on a continué à l’appeler « place Nationale »).
Toujours là
120 ans après, l’immeuble de briques, comme neuf, abrite toujours un restaurant. Avec le départ de Renault la fréquentation a chuté. Nombre d’entre nous se souviennent encore de « la Régie », avec sa devanture rouge et beaucoup l’appellent encore ainsi. À l’époque le « trapèze » n’était encore qu’un grand chantier désert.
En 2015, il prend le nom de « Brasserie Billancourt » et s’habille de vert.
Tout récemment il s’est refait une spectaculaire déco florale, s’est donné une nouvelle couleur et un nouveau nom: « BB rose ». C’est aujourd’hui un des incontournables de Billancourt et sa terrasse est toujours animée, surtout quand le soleil pointe le bout de son nez.
Le restaurant a retrouvé une clientèle. Ce ne sont plus des ouvriers à casquette et moustache qui peuplent la terrasse, mais des riverains, des familles, des tablées de collègues sortis des bureaux alentour pour déjeuner ou partager un « afterwork ».
Ce témoin des années Renault fait aujourd’hui face à un autre témoin : la sirène Renault qui dominait autrefois l’usine, au bord de la Seine . S’ils pouvaient se parler que se raconteraient-ils ?
Le Village de Billancourt 
Ah oui me rappelle bien de cette brasserie de mon temps à BB chez Renault (1975-1983) même si j’allais plus souvent au National pour les cigarettes. Et puis j’ai été expatrié mais, quand je passe en France, je fais toujours un tour place « nationale ». Sorry Mr Guedes 🙂
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