L’invention du moteur à explosion à la fin du XIXème siècle a entraîné l’Europe dans une frénésie technologique qui aboutira à la conquête des airs et à l’émergence de l’industrie automobile. Billancourt y prendra une grande place. Mais ce bouillonnement ne se cantonne pas aux routes et aux airs. On cherche aussi à battre des records sur l’eau. Ca tombe bien, Billancourt offre 4 kilomètres de berges sur la Seine
Au gré de nos recherches, nous sommes tombés successivement sur ces trois cartes postales. Il s’agit de trois clichés du même canot à moteur, à Billancourt. Ce type de canot pétaradant et taillé pour la vitesse effarouchait le canard et attirait le badaud. La carte la plus ancienne est oblitérée en 1907, donc la scène est antérieure.


La localisation ne fait aucun doute, on reconnait, sur la première photo, l’ancien pont de Billancourt, au fond. Nous sommes donc sur le quai Georges Gorse, entre la rue Nationale et la rue de Meudon. En face, c’est l’île Saint-Germain, encore préservée de l’urbanisation.
Le bateau à vapeur est déjà très répandu lorsque les allemands Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach inventent le bateau à moteur à essence en 1886. Ils le testent sur la rivière Neckar près de Stuttgart. Leur canot est propulsé par leur monocylindre développant la puissance colossale de …un cheval-vapeur.

Les moteurs deviennent rapidement de plus en plus puissants. Le première course entre nations est organisée en 1903 en Irlande. C’est une anglaise, Dorothy Levitt, qui l’emporte à bord de son bateau à moteur Napier de 75 chevaux, au nez et à la moustache des concurrents du monde entier. La France prendra se revanche l’année suivante.

Mais revenons à Billancourt.
Qui est cette personne dans son canot à moteur en face de l’île Saint Germain ? Est-ce un inventeur ? Un chasseur de records ? ou juste un amateur anonyme ?
En septembre 2022, nous avons peut-être la réponse au mystère : au 25 du quai de Billancourt, c’est à dire au même endroit que les cartes postales (entre les rues Nationale et de Meudon), on trouvait, vers 1909 et 1912, les chantiers Vallet, constructeurs de canots automobiles.

Vallet propose également des « bateaux vélocipèdes », autrement dit : des pédalos.