Quelle femme !

Née Elisa Léontine Deroche à Paris, elle se destine à une carrière sur scène, mais l’avenir et son caractère intrépide de sportive en décideront autrement. De simple spectatrice (elle est présente en septembre 1906 à Bagatelle lorsque Santos-Dumont réussit son premier vol), elle effectue ses débuts d’aviatrice sur biplan Voisin en octobre 1909 et devient la première femme au monde à obtenir une licence de pilote d’avion sous le n°36, à 28 ans.
S’enchaînent alors de nombreux meetings tant en France qu’à l’étranger (Héliopolis, St Pétersbourg, Budapest). Son audace et son charme font sensation, ce qui ne l’empêche pas d’être raillée pour son élégance en vol, pour le titre de noblesse qu’elle s’est attribuée (Baronne Raymonde de Laroche), et sans doute pour ses succès. Et puis, c’est bien connu, les femmes n’y connaissent rien en mécanique !

Mais la malchance la poursuit : gravement blessée (de multiples fractures) lors du meeting de Reims en juillet 1910, elle se rétablit cependant de façon spectaculaire, sans doute motivée par la volonté de voler de nouveau.
L’accident de Reims en 1910.
Puis encore, elle est passagère lorsque Charles Voisin, plus qu’un ami disait-on, se tue en voiture en septembre 1912. Pour oublier son chagrin, Elisa s’entraine alors intensivement.

Retour au premier plan dès la fin de l’année 1912 et triomphe lors du meeting de Granville en août 1913, puis en novembre de la même année avec la coupe Femina.
Est-ce en qualité de femme qu’elle n’est pas autorisée à prendre une part active lors de la Grande-Guerre, malgré son insistance ?
L’après-guerre la voit détentrice de 2 records d’altitude au dessus d’Issy-les-Moulineaux à 3 900 puis à 4 800 mètres, en juin 1919, sur un avion Caudron.
C’est l’apogée et, hélas, déjà la fin de sa carrière puisqu’elle meurt en juillet 1919, à 36 ans, au Crotoy, lors d’un vol d’entrainement. Elle n’était même pas aux commandes !

Pourquoi Elisa Deroche est-elle à l’honneur dans ce blog consacré à Billancourt ?

Tout d’abord parce que Billancourt voit les débuts de ces « merveilleux fous du volant dans leurs drôles de machines« , ensuite parce que son destin de femme et d’aviatrice est lié à celui des frères Voisin, enfin parce qu’elle résida quelque temps sur le quai de Billancourt, au 41, dans la très mystérieuse villa mauresque.
Mais nous reparlerons de cette villa.
3 Replies to “Une baronne à Billancourt, pionnière de l’aviation”