De Boulogne à Boulogne-Billancourt

Boulogne-Billancourt n’est devenu le nom officiel de notre ville qu’en 1925 et nous le devons au maire André Morizet. Pourquoi si tard ?

Au commencement il y a Boulogne, bourgade serrée autour de son église , et Billancourt, quartier agricole de la Seigneurie d’Auteuil, de l’autre. Deux mondes qui s’ignorent.

Billancourt cédée à Boulogne

En 1860, Paris s’agrandit et annexe la commune d’Auteuil. Le préfet Haussmann donne Billancourt à Boulogne. Nous avons raconté toute cette histoire dans cet article : « Quand Billancourt voulait devenir une commune indépendante »

Pourtant, la nouvelle commune continue de s’appeler Boulogne-sur-Seine. Billancourt, alors peu peuplé, est le cadet des soucis de la municipalité qui gère sa moitié sud avec légèreté, au grand agacement des administrés de Billancourt.

Pendant longtemps le conseil municipal est divisé en deux circonscriptions ou sections: les conseillers de Boulogne et les conseillers de Billancourt, chaque section ayant sa représentation particulière au conseil. Les conseillers de Boulogne, peu favorables à l’aménagement de Billancourt, sont en plus grand nombre.

Les deux populations ne se mélangent guère. La riche citadine et bourgeoise est au nord, la pauvre rurale et peu peuplée reste au sud. Sur les cartes postales, les registres du conseil municipal ou dans la rue on parle soit de « Boulogne-sur-Seine« , soit de « Billancourt« . On lit la « Gazette de Boulogne » et il n’y a pas de « Gazette de Billancourt ».

Les conseillers de Boulogne ont des opinions conservatrices et catholiques, défendent la propriété individuelle. Les conseillers de Billancourt, après avoir été des « radicaux » très anticléricaux, sont remplacés en 1904 par des socialistes ouvriers.

La mésentente est complète. Le maire envoie régulièrement promener ses collègues de Billancourt. En 1896, Billancourt qui demande la séparation. En 1913, la section de Boulogne demande la division de la commune en deux communes indépendantes par crainte de l’accroissement du nombre des conseillers de Billancourt. La procédure est annulée par la guerre.

Boulogne devient enfin Boulogne-Billancourt

L’industrialisation, au service de l’effort de guerre, hisse Renault aux sommets de la modernité industrielle. La population ouvrière de Billancourt constitue le vivier de l’électorat d’André Morizet, le nouveau maire socialiste, élu en 1919. Billancourt compte, désormais, dans la vie de la commune, il faut faire quelque chose, un geste symbolique fort s’impose.

Le 30 juillet 1924, le conseil municipal vote un changement de nom. Le conseil général du département de la Seine rend un avis favorable en juillet 1925 et le décret est signé par le président de la république en novembre. Le changement est annoncé par le maire André Morizet par voie d’affiches à la population en janvier 1926 : Boulogne s’appellera dorénavant Boulogne-Billancourt.

Source : Archives de Boulogne-Billancourt.

Comptez bien, depuis l’annexion de 1860 il a fallu 65 années pour que notre ville prenne son nom définitif.

« Boulogne-Sud » ou « Billancourt » ?

Aujourd’hui, dans les conversations et sur le réseaux on ne parle plus que de « Boulogne » tout court. Quand on veut préciser on utilise parfois « Boulogne Nord » et « Boulogne Sud ». « Boulogne Sud » ?! Et pourquoi pas « Billancourt » ? Ça valait bien la peine qu’on change de nom !

Peut-être ce terme a-t-il été trop marqué par l’industrie ? Par un passé jugé un peu gris ? par des divisions sociales d’un autre temps ?

C’est bien dommage car, nous le voyons bien sur notre blog, avec ses belles villas disparues, la ferme médiévale et des bords de Seine qui ont inspiré les peintres, Billancourt a été bien plus que cela.

Chez nous ce sera toujours « Billancourt ».

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