L’Artistic Palace

En allant vers la place Jules-Guesde, vous avez sûrement remarqué cette grande façade blanche « ARTISTIC PALACE » à l’angle des rues Solferino et du Point-du-Jour. Vous vous êtes alors demandé si ce n’était pas un vieux cinéma. Et bien, vous aviez raison.

En 1913 l’architecte Marcel Fabre construit, pour une certaine mademoiselle Lamée, parisienne, une salle de cinéma et de spectacle qui porte alors le nom de « Mignon Palace ». Le cinéma est alors une distraction très populaire et tous les habitants du quartier s’y pressent pour occuper les 950 places qui s’offrent à eux. La salle propose 10 séances par semaine et programme les plus beaux longs métrages comme « les mystères de Paris ». La salle affiche en outre « Music-Hall », « Théâtre » et « Grand Orchestre » et abrite un « bar des variétés ».

Le Mignon Palace rue de Solférino
Le Mignon Palace
Affiche du Mignon-palace en 1919
Affiche 1919 – Archives municipales

Les années Art-déco

Thomas Virgile, le nouveau propriétaire depuis 1928, mandate l’architecte Julien Hirsch pour transformer le cinéma qui devient alors, en juin 1934, « l’Artistic Palace », dans ce style art-déco que l’on peut voir aujourd’hui. Impossible de trouver une photo d’époque.

La salle peut accueillir 853 spectateurs. Proche des locaux syndicaux Renault elle est le lieu d’assemblées générales durant les années du front populaire. On y organise également des meetings politiques et des conférences-débats avec le maire André Morizet. L’une des réunions publiques les plus spectaculaires fut celle tenue en 1928 par Gustave Hervé, homme politique radical, passé du socialisme au fasciste, qui provoque une bagarre entre ses gardes du corps et ses adversaires.

Outre le spectacle et les réunions publiques, on pouvait également assister à des matchs de boxe du Club Olympique de Billancourt (le Club fondé par Renault) ou y voir le célèbre fakir Tahra Bey dans ses « inconcevables phénomènes de fakirisme de l’Orient ». Dans les années 30, Tahra Bay enchaine les polémiques de Paris à Rio. Il affirme posséder des facultés paranormales, comme pouvoir se poignarder en public, arrêter une effusion de sang ou s’allonger sur une planche à clous sans la moindre douleur. Il se dit indien mais n’est qu’un arménien de Constantinople.

L’ Artistic Palace ferme finalement ses portes en 1975, après plus d’un demi-siècle d’exploitation.

La mutation en studio d’enregistrement

Le bâtiment se transforme en bureaux puis en studios d’enregistrements, à partir de 1985. Certains d’entre nous se souviennent encore qu’on pouvait croiser dans la rue des chanteurs comme Renaud, Barbara, Francis Cabrel, Julien Clerc, ou Jean-Louis Aubert qui venaient y enregistrer ou mixer leur dernier album. L’Artistic Palace conserve sa vocation d’entreprise de spectacle.

Plus récemment, c’est devant ce studio d’enregistrement qu’est réalisé l’étonnant clip de la star australienne Kylie Minogue, réalisé en 2002 par Michel Gondry. Si vous ne le connaissez pas encore, le voici :

Le nom « Artistic Palace » a été repris aujourd’hui par un complexe parisien de studios d’enregistrement créé par un bassiste de Jean-Louis Aubert.

L’Artistic Palace est démoli en 2008, mais sa façade art déco est préservée et rénovée. On reconstruit en 2009 un immeuble d’habitation de six étages avec un parement de brique..

L'Artistic Palace en 2020
Comparaison 2008-2023 – Google & Village de Billancourt

L’Artistic Palace n’était pas le seul cinéma à l’époque. On pouvait en trouver de très nombreux à Billancourt comme à Boulogne, aux débuts du siècle, comme le Casino de Billancourt ou l’Alhambra, rue du Dôme.

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