Vous ne connaissez pas la porte de l’Artillerie ? Vous êtes bien excusable. Il faut être joggeur ou automobiliste pour avoir remarqué cette grande porte monumentale le long du quai Georges Gorse. Situé au point le plus au sud de Billancourt, loin des quartiers habités, c’est l’un des derniers vestiges de l’usine Renault, après le bâtiment X et le portail de la Place Jules Guesde.
La porte de l’artillerie (ou « mur de l’artillerie » si on inclut l’enceinte) , a été réalisée en 1916, et donnait accès à l’atelier du même nom.


Cet immense atelier, s’étalait sur près de 25 000 m². Il était destiné à la production d’ armement et de munitions à la demande de l’état-major. La production de Billancourt durant la première guerre mondiale est considérable : 8,6 millions d’obus, 5,5 millions de fusées et détonateurs, 2 200 chars d’assaut FT sortiront de l’usine, pour ne compter que l’artillerie. A cela il faudra ajouter les 11 000 voitures, 9 000 camions et 1 500 tracteurs qui seront également livrés à l’armée. Le travail est intense et ce sont les femmes qui sont aux machines, les hommes étant au front. C’est une nouveauté,


Après l’armistice, Renault devient le premier industriel privé de France et est honoré pour sa grande contribution à l’effort de guerre. Ses bénéfices de guerre, estimés à environ 92 millions de francs, sont importants et seront taxés à un taux élevés : entre 20 et 50 %.
En 2006, après le départ de Renault et alors que le trapèze est en pleine démolition, certains élus s’émeuvent de la disparition imminente de la porte de l’artillerie et il est décidé au dernier moment de la préserver, avec près de 100 mètres de mur. Elle est aujourd’hui inscrite au Plan Local d’Urbanisme de la ville comme « bâtiment à caractère patrimonial ». Sur l’inventaire général du patrimoine culturel d’Ile-de-France, le portail, de plus de 10 mètres de haut, est décrit comme « structure d’inspiration classique : Entablement, dont la frise ornée de métopes supporte le frontispice. Modillons d’aplomb, jambages architecturés encadrant une porte en plein cintre à clé marquée ».
Aujourd’hui, 14 ans après, alors que le trapèze est largement construit, cette zone, appelée aussi îlot D5, est la dernière encore en friche. Le sort de la porte de l’artillerie, seul vestige encore debout, reste incertain. Il est question de la démonter pour la mettre en valeur ailleurs, mais où ? Le site d’accueil n’est, à ce jour, pas déterminé. Compte-tenu de l’avancement, cette absence de solution de relocalisation interroge sur la réelle volonté de préservation.


Et vous qu’en pensez-vous ? Une horreur à détruire sans délai ? Un témoin de notre histoire à préserver à tout prix ? Pour ou contre sa relocalisation ?
Mise à jour début décembre 2020 : la porte est démontée et le mur démoli :

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