Une chapelle dans la banlieue rouge et noire de Paris.

Cette expression est du Père Brasdu, curé de Sainte Thérèse de 1937 à 1954.

Nous allons aujourd’hui vous raconter, avec le Cercle Généalogique de Boulogne-Billancourt, la naissance de la paroisse Saint Thérèse et de la chapelle qui a précédé l’église actuelle.

Essor d’un nouveau quartier

En 1911, le chanoine Gérard, curé de la paroisse Notre-Dame de Boulogne, confie à l’un de ses vicaires, le père Lieubray oratorien, le soin de créer un nouveau centre religieux dans un quartier éloigné de sa paroisse, entre la rue de Silly et la rue de la mairie (rue ancienne mairie actuelle).

Ce quartier, le père Brasdu le qualifie 25 ans plus tard de « rouge et noir ». Pourquoi ? Tout un chacun comprend qu’il fait, pour le « rouge », référence à la couleur politique de la municipalité de l’époque. Et le « noir » ? Il s’agit certainement de l’évocation de toutes les usines qui ont été créées dans la zone à cette époque. Les blanchisseries, les usines Farman et Renault s’étalent de plus en plus. Les cheminées crachant de la fumée sont nombreuses. La population s’est accrue et est essentiellement composée de personnes étrangères et en particulier des chinois catholiques.

Il lui est demandé de créer un patronage pour les enfants et un lieu de culte. Le projet est ambitieux : il faut trouver des terrains pour construire une chapelle, un presbytère et des espaces de jeux. Le père Lieubray, aidé par un laïc, Emile Babillon, va, avec patience, entre 1911 et 1913, acheter peu à peu des terrains.

Cela ne se fera pas sans difficultés. Certains vendeurs ne veulent pas céder leur bien à un prêtre pour la construction d’une chapelle. Il faut donc ruser et utiliser parfois des prête-noms.

L’appel à Thérèse de Lisieux

Autre souci : l’argent. Malgré les apports personnels du père Lieubray, de monsieur Babillon et de quelques généreux donateurs, les fonds manquent. L’abbé ne sait plus que faire. C’est alors, que le mercredi 13 décembre 1911, il écrit un petit mot à la petite sœur Thérèse de Lisieux (pas encore canonisée), lui demandant son intercession pour trouver des bonnes volontés :

« La petite sœur Thérèse de l’Enfant Jésus veut-elle s’intéresser à mon âme, à mon ministère et aux âmes qui me sont confiées ? Si oui, qu’elle veuille bien m’en donner un signe : qu’elle m’envoie aujourd’hui même une personne désirant s’intéresser au patronage soit en donnant son temps soit en apportant une offrande pour le patronage Saint Joseph »Abbé Lieubray 1911

Sainte Thérèse

L’appel est entendu. Le soir même, comme l’écrit Emile Babilllon, des propositions arrivent : Un jeune homme se présente pour s’occuper des enfants le jeudi. Il apporte avec lui l’offrande d’une modeste couturière. Huit jours après, l’abbé va à Paris pour acquérir un poële pour le patronage, mais le tramway lui file sous le nez. À son retour au presbytère, le curé l’informe que les demoiselles G. ont fait le don d’un poële tout neuf dont il ne sait que faire.

La construction peut commencer.

Le quartier a enfin sa chapelle.

Elle est bénie par Monseigneur Amette, cardinal-archevêque de Paris, le 20 Juin 1912. Elle est consacrée à Sainte Thérèse d’Avila. On la voit au centre de la photo avec son petit clocheton, au milieu des étendoirs des blanchisseurs et des cheminées. Le coteau de Saint-Cloud est reconnaissable en arrière-plan. On notera que les rues de Koufra et du 6 Juin 1944 n’existent pas encore.

Les enfants ont leur patronage, les garçons un espace pour jouer au foot et se dépenser. Ils ne trainent plus dans les rues en attendant le retour des parents.

Les fidèles viennent nombreux, en habits du dimanche.

Après la première guerre mondiale, il faut faire quelques travaux notamment pour la cloche Marie-Julie. Il faut lui construire un clocheton et une croix. La chapelle n’a pas de signe distinctif et passe inaperçu au point que le cardinal Amette eut du mal à la trouver, lors de sa visite. Pour obtenir des subsides, le père Lieubray va, dans le bulletin paroissial d’avril 1924, attirer l’attention de ses paroissiens en racontant l’histoire d’une petite fille pas comme les autres :

Bulletin paroissial avril 1924

« Le dimanche 13 juillet 1913, une petite fille attendait bien sage, sans mot dire, à la chapelle, son baptême. Elle était vêtue de dentelle blanche, enguirlandée et parée de fleurs…. Le rôle de l’enfant, si discrète jusqu’à cette heure, serait d’appeler, de chanter en dansant pour la gloire de Dieu ».

Cette petite fille qu’on baptise ce jour-là, est… la cloche Marie-Julie, elle-même.

Mais, Alphonse Lieubray a un autre projet : bâtir une basilique dédiée, cette fois, à la petite Thérèse de Lisieux qui a été béatifiée entre-temps. Ce projet va connaître bien des aventures. Nous vous raconterons tout cela la semaine prochaine.


One Reply to “”

Laisser un commentaire