Reconnaîtriez-vous votre arrière-grand-mère parmi ces écolières ? Peut-être êtes-vous vous-même passé par l’école des Glacières de la rue de Clamart ? Ou vos enfants ? C’est mon cas.
Peut-être aussi avez-vous aussi connu le collège du Vieux Pont de Sèvres ou l’école maternelle Point-du-Jour, rue du Vieux Pont de Sèvres ? Ces deux écoles partagent une histoire commune. Nous allons vous la raconter.

En juin 1860, le curé de Billancourt, Joseph Gentil, déjà créateur de l’école de filles Sainte Elizabeth, fonde une petite école de garçons, route de Versailles (111 Avenue Edouard Vaillant) dans une maison en location. Elle devint école communale en 1865.
Trop petite, cette école de garçons est transférée en 1874, au 14 rue de Clamart sur un vaste terrain acquis par la municipalité. C’est l’adresse actuelle de l’école des Glacières
Ce terrain a également une entrée au 147 rue du Vieux pont de-Sèvres1. On y construit un asile maternel (école maternelle). Pendant ce temps on réfléchit au projet d’une école de filles.
En 1881, la loi de Jules Ferry impose la laïcisation des écoles. L’enseignement devient gratuit, obligatoire et laïque. L’asile maternel est transféré avenue Edouard Vaillant pour laisser la place à la première école laïque de filles de Billancourt. Les filles sont donc durablement installées côté Vieux Pont de Sèvres et les garçons côté rue de Clamart.

Les deux écoles possèdent des bâtiments identiques et il est bien difficile de les différencier sur les photos du début du XXe siècle. La confusion est d’autant plus grande que des écolières posent parfois devant l’école de garçons et vice-versa.


La vie à l’école
En 1905 l’école de garçons compte un directeur, et six maîtres. L’école de filles est prise en charge par une directrice et sept maîtresses.
A l’époque, la blouse est la règle et, vous en conviendrez, tout cela a une certaine allure, surtout pour les filles dont certaines arborent un élégant chapeau à larges bords.


L’école étant obligatoire et gratuite entre 6 et 13 ans, les enfants sont tous scolarisés. L’environnement est strict et l’autorité respectée. Chacun apprend à lire, écrire et compter. Le matin on fait de l’arithmétique, de la dictée, de l’analyse, de la géographie, de l’histoire ou des sciences naturelles. L’enseignement religieux est proscrit. L’après-midi, les filles apprennent la couture et le tricot, les garçons font du travail manuel, du dessin ou de la gymnastique. Le tablier est obligatoire et cache parfois la misère.
Il n’y a pas de cantine ; quand les familles habitent loin, les enfants mangent à l’école. Pour se chauffer l’hiver, il y a un petit poêle à bois au milieu de la classe. Chaque enfant apporte une bûche.

La politesse est essentielle, on apprend à dire bonjour et merci. Il faut montrer ses mains et ses oreilles avant d’entrer dans la classe. On distribue des bons points aux meilleurs élèves. Aux cancres et aux perturbateurs, on donne des lignes à copier, ou un bonnet d’âne. Le maître peut même les enfermer dans un placard.
La consultation des registres scolaires est assez savoureuse. On y trouve les noms de tous les enseignants et élèves passés par l’école, ainsi que leurs appréciations.
En voici une qui concerne le jeune Auguste Clop, 12 ans, fils de cantonnier, exclu en 1905 pour insulte envers son maître d’école :

Parmi les directeurs les plus actifs, les archives nous ont laissé le nom de Maurice Lhomme, qui a dirigé la rue de Clamart entre 1916 et 1937 (au moins).
Il n’y a pas que des écoliers aux Glacières. En 1937, le club des « Cigognes de Boulogne-Billancourt » y dispense des cours d’aéronautique pour adultes, chaque jeudi après la classe.
L’école bombardée
L’école de garçons est touchée par les bombardements alliés de la seconde guerre mondiale. On conserve, étrangement, la partie inférieure de la façade, restée en bon état et on construit des salles de classe provisoires en bois. Elles sont visibles sur les photos aériennes.



Rebaptisée « Ecole des Glacières »

L’école de garçons est reconstruite à la fin des années 50. Elle prend le nom d’école des Glacières, d’après l’usine des glacières, toute proche. L’école des filles, épargnée par les bombardements, sera rebâtie entre 1971 et 1973. Certains s’en souviennent sûrement.
La mixité s’imposant, filles et garçons sont finalement regroupés rue de Clamart. Les locaux de la rue du Vieux Pont de Sèvres abritent d’abord un collège (collège du Vieux Pont de Sèvres) dans les années soixante, puis, vers 2010, l’école maternelle actuelle.
Aujourd’hui, l’école des Glacières compte entre 350 et 400 écoliers et l’école maternelle plus de 200. L’école fête ses 150 ans, cette année et est restée dans la mémoire de dizaines de milliers d’enfants !
L’école des glacières, avant et après :


L’école de la rue du Vieux Pont de Sèvres, avant et après :


- Ce sont les adresses actuelles de l’école des Glacières et de l’école maternelle Point-du-Jour ↩︎



Excellent de rappeler la loi de Jules Ferry de 1881 et bon de voir que ces écoles ont accompagné le temps.
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nices!! Boulogne s’appellera désormais Boulogne-Billancourt
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