Vous n’avez pas pu manquer les affiches, elles sont un peu partout, la mairie nous propose une grande exposition sur les 90 ans de l’Hôtel de Ville, intitulée « Hôtel de Ville, notre histoire commune« . Le Village de Billancourt y est allé, et nous avons eu des surprises ! On vous raconte.

Tout se passe dans le grand hall et le premier contact est saisissant : la mairie a fait les choses en grand. À droite se dresse une reproduction de 10 mètres de haut du beffroi de l’hôtel de Ville (il n’a jamais été construit). À gauche, une photo aérienne géante au sol, du Boulogne-Billancourt des années 50, sur laquelle on peut se déplacer et flasher des QR-codes. Un peu partout, des personnages en carton venus du passé déambulent entre les présentations : des mariés, un postier, l’architecte Tony Garnier en conversation avec le maire, André Morizet.


Au beau milieu trône une maquette du quartier à l’époque de la construction de l’hôtel de ville, une reconstitution du bureau de Morizet avec son mobilier et un beau groupe de bustes. Partout des photos d’archive, des documents, des panneaux et des reconstitutions de belle qualité.



Peut-être le plus remarquable est l’expérience de réalité virtuelle, conçue spécifiquement pour l’expo. N’hésitez pas à emprunter un casque, elle est vraiment réussie et vous immerge dans l’histoire du lieu. Bravo pour ça.



Les enfants ne sont pas oubliés, avec un jeu de l’oie géant et des ateliers.
L’expo dure jusqu’au 12 avril 2025. Des visites guidées sont possibles et des conférences planifiées. Bref, c’est très bien fait. Au Village de Billancourt, nous avons aimé, alors allez-y dès que vous pouvez, l’entrée est libre. Tous les détails ici.
L’histoire de Billancourt à l’expo
Mais l’expo ne fait pas que raconter l’hôtel de Ville, elle nous montre aussi, pour la première fois, quelque chose qui nous tient à cœur : l’histoire du Billancourt avant Renault !
Deux grands plans ont été réalisés par le studio Différemment, à la demande des organisateurs et présentent peut être les vues les plus précises de notre beau Billancourt d’antan jamais exposées.
Le premier panneau nous transporte vers 1815 avec un luxe de détails. Cette année-là, la construction du nouveau pont de Sèvres, décidée par l’empereur Napoléon, est en cours. On trace également la future avenue du Général Leclerc / Vaillant. La route de Versailles va bientôt décliner pour devenir la modeste rue du Vieux Pont de Sèvres. Billancourt n’est toujours qu’une grande ferme environnée de prés et de champs, traversée par la future rue du Point du Jour. Près du pont est représenté le hameau avec les écuries construites par le Comte d’Artois en 1770. Sur l’île apparait la tannerie d’Armand Seguin dont la production de cuirs pour l’armée commence à péricliter.



Tout cela y est représenté fidèlement. La ferme est conforme à notre reconstitution de 2020, avec sa grange, son logis, ses communs, ses clos et jardins. Le plan fourmille de détails et on peut passer du temps à tout admirer.
De l’autre côté du panneau on peut admirer une deuxième reconstitution nommée « Second empire, nouvelles limites de territoire« . Il s’agit, cette fois, du Billancourt résidentiel, créé par Casimir de Gourcuff, propriétaire de Billancourt à partir de 1825. Le tracé actuel des rues apparait. Le plan nous transporte à la deuxième moitié du XIXe siècle, à l’époque des belles villas disparues. Pour la première fois sont représentées les villas telles que nous les avons découvertes et révélées suite à nos enquêtes : Les villas Fountaine et Aussilous qui se font face, les jardins de Lady Hunloke, la maison Bican et sa tourelle qui domine la place Nationale (Jules Guesde), la maison du père de Louis Renault, l’ancienne église et l’école Sainte-Élisabeth. Chaque reconstitution est fidèle aux documents et photos que nous avons retrouvés ces dernières années, jusqu’au plan des jardins et des dépendances.




Au-delà des villas, on y retrouve l’ancienne ferme de Billancourt, sans sa grange. Elle est devenue la résidence secondaire du banquier Delahante puis de la comtesse de Goyon. Tout y est, ou presque, jusqu’à la ferme Delaguepierre ou le couvent des Dominicaines. L’ensemble est très réussi et donne une belle vue du Billancourt d’avant. On fermera les yeux sur quelques erreurs et anachronismes mineurs.
Ces deux planches remplissent pleinement l’objectif de nous immerger dans un Billancourt que nous ne soupçonnions pas il y a encore peu de temps, un Billancourt que l’industrialisation massive a complètement rasé. C’est ce même Billancourt que nous avons cherché à faire ressortir de l’oubli, chaque semaine, depuis 5 ans déjà.
Alors, oui, rien que pour ces deux panneaux, on doit féliciter les organisateurs. C’est un peu d’histoire oubliée qui est montrée à tous. Un regret: que nos travaux n’aient pas été cités.


