De nouvelles photos au Garage de Strasbourg

Souvenez-vous, en décembre dernier, nous révélions que cet ancien garage du boulevard Jean Jaurès, devenu Carrefour City, et dont la grande enseigne est toujours visible, avait servi de cache durant l’occupation. Voir « Le secret insoupçonné du Garage de Strasbourg« . Ernest Blanc, mécanicien suisse, y avait caché sa belle-famille d’origine juive. Il y avait aussi dissimulé des documents, de l’équipement et des armes. Malgré plusieurs perquisitions allemandes, il n’a jamais été arrêté.

Il nous manquait de bonnes photos d’époque dans le garage. C’est chose faite grâce à son petit-fils, Eric Foa, qui a retrouvé pour nous de nouvelles photographies !

Ce sont des clichés d’avant-guerre, sans doute de la fin des années 30, à en juger par la voiture, les tenues et divers détails. L’une d’elles est prise à l’extérieur, on y devine la pompe à carburant qui était sur le trottoir.

Ernest Blanc y apparait en tenue de travail, jouant avec son chien. Son épouse Jeanne, dans une jolie robe à pois, lui porte un geste affectueux. Elle s’occupait des tâches administratives. Sa belle-mère, Eugénie Clotilde, est là aussi. Elle vient en voisine, car elle habite rue Cacheux. Se doute-t-elle qu’elle devra bientôt se terrer au sous-sol ?

On voit bien peu de choses du garage, mais comme ils sont émouvants, ces portraits ! Ce sont des gens ordinaires, au destin extraordinaire. Que faut-il de courage pour oser braver l’occupant sous son nez, alors que celui-ci passe, de temps à autre, déposer son véhicule pour réparation ? Quelle patience faut-il pour rester ainsi cachée sans éveiller les soupçons ? Quelle force d’âme faut-il pour ainsi risquer le pire, alors qu’un soldatenheim (foyer du soldat) et un bureau de placement allemand sont situés à proximité ? Ni leur visage, ni leur attitude, ne semble apporter de réponse à ces questions.

Nous aurions aimé pouvoir donner davantage de détails sur les activités de résistant d’Ernest. Malheureusement nos démarches de ces derniers mois auprès du musée de la Résistance, de l’Association Nationale des Croix de Guerre et des sites de référence en matière de Résistance (« mémoire des hommes », notamment) n’ont rien révélé de nouveau.

Était-il lié aux mêmes réseaux que Marcel Bontemps, cet autre garagiste boulonnais ? Les deux hommes se connaissaient sûrement, au moins pour des raisons professionnelles. Entré en résistance en 1942, Bontemps a subtilisé une automitrailleuse en réparation aux usines Renault pour la livrer au maquis Julien, dans le Morvan. Comme Ernest, il a caché dans son garage des armes, des munitions et des hommes (prisonniers évadés ou réfractaires au STO). Il a participé à d’importantes opérations de sabotage. Une rue de Billancourt porte aujourd’hui son nom.

Collection E.Foa.

Après la guerre, la France décerne à Ernest Blanc la Médaille de la Résistance puis la Croix de Guerre. D’un caractère modeste et discret, Ernest Blanc a emporté dans la tombe les détails de ses exploits. C’est bien regrettable…

Pour revivre l’histoire d’Ernest et Jeanne Blanc, lire notre enquête « Le secret insoupçonné du Garage de Strasbourg« . Pour un aperçu de l’occupation et de la résistance à Boulogne-Billancourt, voir l’expo virtuelle réalisée par le service des archives.

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