Le petit coiffeur de la rue Yves Kermen.

Voici une amusante carte postale du début du XXe siècle dénichée sur un site de vente. Elle est datée du 17 juillet, probablement vers 1910.

Elle est signée par un certain Gabriel, garçon coiffeur au 2 rue de Saint-Cloud (Yves Kermen). C’est le grand immeuble en brique proche du pont de Billancourt.

Gabriel est probablement le jeune homme à gauche. Il écrit à un « copain » de Nevers:

« Je m’empresse de t’écrire c’est (sic) deux mots pour te dire que je suis toujours bien à Billancourt, et je ne m’ennuie pas en ce moment, tu sais, j’apprends à danser. Et tu sais, ce n’est pas les demoiselles qui manquent. Tu vois les deux qu’il y a sur la carte, celle qui est à côté de moi c’est la bonne du patron et l’autre une voisine et l’ouvrier qui est avec moi et le patron derrière ».

« Ce n’est pas les demoiselles qui manquent.. », écrit-il.

La carte ne dit pas quelle demoiselle avait sa préférence, mais à en juger par l’air soupçonneux du patron, on peut penser qu’il avait déjà jeté son dévolu sur la bonne !

Simple hypothèse.

Le salon de coiffure de Célestin

Nous avons retrouvé ce patron coiffeur sur les listes du recensement de 1911, au 2 rue de Saint-Cloud. Il est bourguignon, né en 1867 à Auxonne, entre Dijon et Besançon. On le retrouve aussi dans les annuaires du début du siècle. Il s’appelle Célestin Bouchageon. Il habite sur place avec sa femme Marie Jusot, concierge de son état, et son fils Jules. Ce dernier mourra pour la France en août 1914.

A en juger par la simplicité et l’exiguïté de sa boutique, c’est un petit coiffeur de quartier, probablement fréquenté par la population ouvrière. En 1918 on dénombre 40 coiffeurs dans l’annuaire Didot-Bottin, à Boulogne-Billancourt.

Célestin Bouchageon meurt à son domicile en 1921 à l’âge de 54 ans. En 1926, c’est un autre coiffeur qui s’y installe, François Jugniol .

Quant à Gabriel, l’auteur de cette carte, nous ne saurons probablement jamais son nom. ni si ses cours de danse lui ont permis de trouver une demoiselle à son goût à Billancourt !

La petite boutique existe toujours

Elle est coincée entre les entrées du 2 et du 4 de la rue Yves Kermen. C’est l’ancienne pizzeria « Pizza di Napoli », vous ne pouvez pas la manquer, avec ses couleurs vives. Elle est fermée depuis plusieurs années, sûrement victime d’un concurrent installé juste à côté.

Les salons de coiffure n’ont toutefois pas disparu du 2 rue Yves Kermen, puisqu’on en trouve encore un, « Dina s », juste à côté. Vous avez peut-être aussi connu ses prédécesseurs: « Gossip », « Les Demoiselles » ou « Stephi Beauté ».

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