Les cartes postales du début du siècle dernier ne sont pas le seul témoignage visuel du Billancourt ancien. Avant cela, de nombreux peintres ont posé leur chevalet dans notre village. La boucle de la Seine était alors un endroit sauvage et vert. Les hauteurs de Meudon étaient un belvédère pittoresque où la vue dégagée embrassait toute la plaine, des îles jusqu’à Paris.

En 1866, la population de Billancourt n’était que de 2 300 habitants. Les parisiens descendaient la Seine par bateau jusqu’à Billancourt et Meudon, le week-end, pour fuir l’agitation de Paris.
Alfred Sisley, peintre impressionniste britannique né à Paris, quitte Marly-le-Roi pour s’installer à Sèvres. Il y réside entre 1877 et 1879. Il manque d’argent, ses toiles n’ont pas de succès et on lui refuse toujours la participation au Salon de Paris. Durant ce séjour de trois années, le peintre traverse le pont de Sèvres de nombreuses fois jusqu’à Billancourt.


Aucun autre peintre n’a autant représenté la « belle boucle » de la Seine : Nous avons recensé 18 toiles du pont de Sèvres, et 13 libellées « Billancourt ». Nous avons réuni ici quelques unes de ses œuvres. La couleur qui ressort de ses toiles est à mille lieues des photos en noir et blanc que le Village de Billancourt vous apporte chaque semaine. Mais l’un et l’autre se complètent admirablement : les photos nous donnent à voir la ville, les rues ou les gens, Sisley capture la nature, le fleuve et les bruissements de l’air. Par son style on l’a souvent comparé à Claude Monet.
La localisation des ses toiles n’est pas toujours simple; les paysages ont grandement changé. Ces péniches étaient vraisemblablement amarrées au port situé le long du cimetière qui verra le jour 10 ans plus tard .


Barges a Billancourt 1877 Hermitage
Le pont de Sèvres est reconnaissable, avec ses arches de pierre, les coteaux de Meudon et l’hôtel du Parlementaire qui a laissé sa trace dans l’histoire du conflit franco-prussien.




Sisley remonte la Seine jusqu’au Point du Jour, un lieu de divertissement avec ses bals et restaurants, aujourd’hui quai Saint-Exupéry, à Paris.


Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City
D’autres tableaux du maître impressionniste portent la mention « Billancourt » mais montrent en réalité les berges d’Issy-les Moulineaux ou du bas-Meudon. Il faut se souvenir que l’Île Saint Germain s’appelait à l’époque « Ile de Billancourt ».
En 1906, Théodore Duret écrivait : « Si, dans le groupe impressionniste, Claude Monet et Sisley ne peuvent être en quelque sorte séparés, s’ils forment un couple, où les deux se ressemblent beaucoup plus entre eux qu’à aucun des autres, ils conservent cependant vis-à-vis l’un de l’autre leur personnalité et ont chacun leur palette, leur manière de voir et de sentir. On peut dire de Sisley, comme trait caractéristique qu’il a su rendre la nature d’une manière riante. Son oeuvre est séduisante […]. Sisley est un délicat que la nature enchante… »
Alfred Sisley meurt en 1899 à Moret-sur-Loing, sans être parvenu à acquérir la nationalité française, pourtant son pays de naissance. Il a apporté aux musées du monde nos paysages de Billancourt.
Un exposition des peintres de la « Belle boucle de la Seine » a été montée en 1996 par le Musée d’Art et d’Histoire de la Ville de Meudon. Le catalogue est toujours disponible au musée et, puisque vous aimez Billancourt, nous vous le recommandons absolument.




Merci pour ce voyage en pinture de Sisley. On se prend vite à rêver.
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