Nous sommes en mai 1871, six mois après les ravages occasionnés par le siège de Paris par les Prussien. Notre village est à nouveau à centre des combats, coincé, cette fois, entre le feu des canons de la Commune de Paris et celui de l’artillerie de l’armée du gouvernement (les versaillais), postée à Sèvres. Les obus volent au dessus des toits et la population est terrée chez elle.
L’abbé Gentil, curé de Billancourt, s’active à atténuer les malheurs de ses paroissiens. Dans son « Journal de Billancourt » il raconte avec humour:
« sur la route de Versailles (devenue avenue du Général Leclerc), un éclat d’obus va frapper la porte d’un marchand de vins épicier. Celui-ci, par précaution, avait condamné provisoirement cette porte et avait ménagé l’entrée de sa boutique par une autre rue voisine de la grande route. Croyant avoir affaire à un client, il s’écrie: « Je n’ouvre pas cette porte-là; allez par la rue Colas. » heureusement pour lui, l’obus ne se conforma pas à la recommandation de ce brave homme! »
Au Village de Billancourt, on a , bien sûr, retrouvé l’épicerie sur une photo de l’époque (en tête d’article). A droite, c’est le Pont de Sèvres, dont la première arche a été détruite par l’armée française pour contrer l’avancée prussienne. Le grand bâtiment endommagé au centre est l’hôtel du Parlementaire dont nous parlions dans un précédent post.



La rue Collas n’existe plus, tombée aux oubliettes lors de la construction des grands ensembles du Pont de Sèvres.
Ça a bien changé.

L’abbé Joseph Gentil n’a pas mentionné le nom de notre épicier, en revanche Collas fait référence à Jean-François Collas, maire de Boulogne entre 1835 et 1847.
Son Journal de Billancourt ainsi que sa « notice sur l’émigration paroissiale » sont des témoignages précieux de cette période tragique pour Billancourt.
La photo a été prise par Hippolyte Blancard en 1871, depuis les hauteurs de Saint-Cloud. Pharmacien de profession, il est particulièrement connu pour les photographies qu’il prit durant le Siège de Paris (1870) et la Commune de Paris (1871).
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